Interview de GEORGE PINILLA, Président d'Eclipse pour Highlands Magazine

Highlands Magazine: Bonjour, George. Tu organisais cette année ton quatrième Festival de Rock Progressif (nous avons encore en mémoire le Festival de 1988, avec Ange, Halloween & Minimum Vital), le troisième avec Eclipse, avec une affiche avantageuse. Pourtant, il semble que le bilan ne soit pas aussi satisfaisant que les précédents. Que s'est-il passé ?

George Pinilla: Comme tu dis : que s'est -il passé ? Après 3 festivals et plus de 50 concerts !
D'une part la malchance , Camel nous lâche , de manière rapide ( à tous les sens du terme !) et la grèves des chemineaux. Pour ces deux raisons nous avons du perdre 50 % du public prévu .

Nous savons bien que la défection de CAMEL a eu des répercussions négatives sur les réservations, et que certains ont demandé le remboursement de leurs réservations. Comment expliquer un tel comportement ?

Il y a les gens qui aiment le Prog, et sont musicalement curieux , et les autres, ce qui préfère acheter un mauvais disque de Genesis qu'un bon IQ, un Crimson moyen qu'un bon Anekdoten , un Corrs soporifique " ok , elles sont mignonnes ! " qu'un Mostly Autumn !

Highlands Magazine: Le choix de remplacer au pied levé CAMEL par CAP était musicalement parlant un super choix. Malheureusement, le public ne semble pas avoir répondu présent…

George Pinilla: C'était un choix personnel, car ils sont chaleureux, impressionnants sur scène
( même si on sent qu'ils ne sont pas super rodés ), et abordables sur le plan financier. Mais surtout car je les avais découverts sur scène 15 jours avant Orthez , et j'étais reste ému et scotché . De toute façon on les aurait remplacés par le bon Dieu en personne, que les " Caméliens " ne se seraient pas déplacés. De toute façon il ne nous restait que 3 semaines pour annoncer le changement, les affiches étaient colées, etc…

Highlands Magazine: Combien d'entrées, très précisément ont été enregistrées sur les 2 journées ?

George Pinilla: 378 payantes !

Highlands Magazine: Le choix inhabituel de formations telles TAI-PHONG ou SHAMAN dans un registre musical radicalement différent s'est-il révélé payant ?

George Pinilla: Absolument pas . Tai Phong , reste un vieux rêve qui n'intéresse que quelques fans, et Shaman (ex-Angra) , est pour l'instant beaucoup moins populaire qu'Angra . On y a cru , on a voulu additionner un public étheroclite , on s'est planté !

Highlands Magazine: Parlons chiffres : à combien s'élevaient les différents cachets demandés par les groupes ?

George Pinilla: Je vais dire le total , par discrétion pour les groupes 12724 euros pour 7 groupes.

Highlands Magazine: En fait, sur combien d'entrées s'était basée ECLIPSE pour assurer l'équilibre financier du Festival ?

George Pinilla: Environ : 300 pass 2 jours et 300 à 1 jour !

Highlands Magazine: A titre indicatif, et pour l'information de nos lecteurs et celle des amateurs de rock prog en général, à combien d'euros se montent les autres recettes (subventions, buvette, t-shirts, divers)

George Pinilla: Ca à bu correctement, mais le coût des tee-shirts a juste été amorti (il m'en reste 35 à 10 euros , qui qu'en veut ?? ). Les chiffres ..on va les oublier..

Highlands Magazine: L'an passé, le 1er Festival d'Orthez, en dépit des défections de dernière minute de JOHN WETTON et RPWL avait pu être financièrement équilibré. Comment expliquer la différence de situation avec cette année ?

George Pinilla: Car cette fois le son ( comprenant les grands rideaux noirs pour l'acoustique ainsi qu'une journée de plus pour le " off ") nous à coûté plus cher et …la promo le triple ! Affichage officiel , etc .. On aura essayé !

Highlands Magazine: Les réserves financières d'Eclipse suffiront-elles à combler le déficit du Festival ?

George Pinilla: On avait un peu de trésorerie … quelques centaines d'euros .

Highlands Magazine: Sinon, à combien précisément se monte ce déficit ?

George Pinilla: Réellement 7210 euros, mais avec la trésorerie, le " don " de Shop 33 .. il reste 5000 euros à trouver !

Highlands Magazine: Quelles sont les différentes solutions envisagées par Eclipse pour surmonter ce déficit ?

George Pinilla: Les dons… l'association , on est 7, on va donner 3500 euros en tout , chacun fera ce qu'il pourra !
Le reste ? J'ai fait un appel aux potes et au " peuple prog " , action peut-être maladroite, faite sur un coup de blues, mais efficace ! Quelques chèques de 50 à 250 euros vont arriver . On n' a pas l'esprit mendiant , mais c'était ..la dernière solution , pour ne pas se lancer dans un interminable crédit bancaire ! J'aime pas les banquiers !
Je tiens à remercier au nom de toute l'asso les quelques personnes qui nous ont soutenus financièrement, à titre privé. Un sou + un sou ça fait deux sous !!!
Il seront , bien sûr, les premiers invités aux prochains spectacles .

Highlands Magazine: Est-il envisageable de songer à l'édition d'un CD du Festival (ou au moins la prestation live de l'une des formations) afin de colmater la brèche ? Voici une initiative qui serait à coup sûr populaire (Remember le 1er Festival de Corbigny)…

George Pinilla: Non , nous n'allons surtout pas investir un seul euro dans une entreprise quelconque pour boucher le trou. On en sortirait jamais ! Dès que le déficit sera complètement comblé, nous penserons à l'avenir , continuerons sûrement à organiser des concerts et festivals . Mais de manière différente, car nous sommes conscients qu'il faut s'y prendre différemment. Il est hors de question d'organiser quoique se soit pour obtenir des bénéfices ! On continuera à travailler dans le sens du bénévolat et de manière désintéressée.

Highlands Magazine: Dans ce cas, si on observe les initiatives de Marillion ou Mostly Autumn, la formule de la souscription ne permettrait-elle pas à Eclipse de bénéficier d'un afflux de trésorerie salvateur ?

George Pinilla: On ne peut pas vendre un " produit " avant qu'il existe , je suis personnellement contre ! Je pense que mes amis de l'asso le sont aussi !

Highlands Magazine: Quel est l'avenir d'Eclipse en tant qu'organisateur de festivals ? Continuerez-vous si vous colmatez la brèche, et dans quelles conditions ?

George Pinilla: Comme je t'ai dis , on veut rester libre du passé. S'il faut repartir, ce sera à zéro, avec de meilleures idées. On oubliera plus facilement la " brèche " , et on gardera pleins de bons souvenirs . Car parlons-en un peu, à par ce putain de problème de pognon , ce festival était réussi , et on est quand même revenus la tête pleine de " soleil , de bonne musique et d'instants chaleureux et humains ? Non ? "

Highlands Magazine: Votre message aux lecteurs de Highlands Magazine ?

George Pinilla: Oui, je parle à titre personnel : j'ai enfin compris que les " têtes d 'affiches " sont souvent des gens compliqués et exigeants et qui ont plus tendance à alourdir le budget promotionnel , qu'à remplir les salles. Alors si vous voulez voir ces têtes d'affiches aller donc vous ruiner à l'Olympia ou autres salles " prestigieuses " !
Mon optique pour le futur c'est, des bons groupes du moment, dans des salles de 300 personnes maxi , plus connus par la qualité que par la notoriété. J'ai envie de me mouiller pour le " vrai " public prog, qui le mérite bien . Ce public qui achète les fanzines, les cds par correspondance et qui traverse un pays pour découvrir des " petits " groupes inconnus. Oh non , je ne parle pas du sectarisme mais, je pense qu'Eclipse se bougera pour les gens qui se bougent ..les autres , ma foi…

Même si ce n'est pas un Orthez 2004 que je vous promets , je peux vous assurer qu'Eclipse vous concoctera encore des festivals de " vrai " Rock Progressif ..un jour ou l'autre !
Merci encore de m'avoir donné la parole .
Mais il est tard monsieur, faut que je rentre chez moi …